Princesse Mononoké

On a tous ce(s) film(s) qu'on a déjà vu 10 fois. Aujourd'hui je vais vous parler du "mien". J'ai du le regarder 9 fois la même semaine en primaire. Bon, c'est vrai, j'en avais un peu marre du début tellement je le connaissais par cœur. Marre est un bien grand mot, j'espère que vous l'aurez compris. Ce film me fait du bien. 
Petite(s) question(s:) -quel est "votre" film?
- Avez-vous déjà vu Mononoké? Si oui, avez vous aimé ou pas du tout, pourquoi? ça m'intéresse.

Réalisateur: Hayao Miyazaki
Sortie: 1997 au Japon. 2000 en France.
Genre: Film d'animation.

Qu'est-ce que j'aime autant?
Les thèmes abordés: Principalement la relation entre l'homme et la nature.
Les dessins: Les paysages sont magnifiques. Les personnages, les animaux tout est divinement bien dessiné. Les ombres, le vent qui souffle dans les prairies, les reflets, les expressions, les feuilles, les détails. Les couleurs aussi. Il crée tout un nouveau monde. Je me demandais toujours comment il fait pour sortir tout cela de sa tête.
La musique: Les moments forts sont tous soulignés par la bonne musique. ça vous transporte. Comment ne pas être touché? Croyez moi si vous n'aimez pas la musique classique, Joe Hisaishi fera écrouler vos illusions. Je n'en écoute pas spécialement, si ce n'est, ses morceaux à lui.



Les personnages: Ils sont tous intéressants. Tous. Mais vous savez ce qui caractérise les Studio Ghibli véritablement? Leur rapport au bien et au mal : ils ne basent pas leurs scénarios sur cette césure pré-faite. C'est beaucoup plus subtil que cela, beaucoup plus proche de la réalité. C'est ça qui rend ses films passionnants entre autre. Tant de qualité dans leurs œuvres. Pour moi, Mononoké, c'est Miyazaki au summum de son art. Si vous regardez lui en premier, vous commencez avec du lourd.
Certaines citations, les idées véhiculées me parlent également. Mais j'aime en général l'esprit dans lequel travaille le studio et leur point de vue sur la création.
Le scénario : tant de richesses!




L’héroïne: Son prénom c'est San.  Elle est appelée Princesse Mononoké : mononoké signifie en japonais "monstre", "esprit" ou bien "fantôme". Son village s'est fait attaqué par des loups, ses parents se sont enfuis en l'a laissant toute seule, bébé. Mais Moro, chef des loups et gardienne du Dieu Cerf (qui représente la Nature)  l'a sauvé : c'est donc sa mère adoptive. Elle à aussi deux frères loups. C'est une véritable guerrière : rien ne l'arrête. Sa mission? Sauvez la forêt et ses habitants : les bêtes et les esprits.
Tiens , je viens de me demander : elle est propulsée par sa haine du genre humain ou par son amour de la nature? 

Ashitaka : C'est le prince des Emishi, tribu qui vivait dans la région du Tohoku et qui refusait de se soumettre au régime de l'empereur japonais Yamato. Le film commence ainsi: un sanglier possédé par un démon pénètre le village et Ashitaka l’abat pour sauver son peuple. Etant donné qu'il s'agissait d'un tatari gami soit "Dieu maudit", le prince devient porteur d'une malédiction. Il quitte donc son village pour comprendre pourquoi le sanglier est devenu maléfique et pourquoi il va mourir. Ce personnage est beaucoup plus subtil que Mononoké et je m'en suis rendue compte que maintenant ! Il n'est pas dans les extrêmes : il cherche à comprendre les choses puis à ramener la paix. C'est délicat quand on comprend deux points de vue et qu'on se retrouve au milieu...Il a un sacré rôle. Lui aussi, un guerrier. 
"Regardez-bien, regardez tous à quoi nous ressemblons lorsque la haine s'empare de nous. Moi, elle me ronge le bras et elle finira par me dévorer vivant! La colère et la peur décuplent la force du mal."
Dame Eboshi: L'ennemi de Mononoké: elle veut raser la forêt pour étendre son royaume. Elle fais construire des armes pour se défendre des attaques des loups et des sangliers. Elle est aussi caractérisée par sa détermination. Elle protège son fort.

Je me suis demandée, ce qui m'avais poussée à le regarder pleins de fois la même semaine en primaire. Et encore maintenant, à l'aimer autant. Je crois, que petite, je m'en rendais pas compte mais je devais m'identifier à San. Inconsciemment. Elle dis un moment qu'elle hais les humains et réfugie sa tête contre Moro. Je haïssais aussi les humains avant. Petite, j'étais passionnée par la nature mais par les animaux principalement. Je faisais des exposés sur certaines espèces animales. Je ne comprenais pas pourquoi les Hommes ne voyaient pas qu'une fourrure est bien plus belle sur l'animal. Je m'horrifiais des horreurs qu'on infligeait aux bêtes. Le premier truc que j'ai voulu faire c'était ouvrir un refuge pour les tigres du Bengale et le premier métier : éthologue (étudier le comportement des animaux). Pour moi, l'humain c'était l'incarnation du Mal en gros. J'en étais presque à refuser d'être humaine. Je voulais pas faire partie de cette espèce. Un jour, j'ai ironisé en disant à mon père que j'étais un vampire moi (j'ai dis ça car j'ai la peau blanche et les mains glacées souvent). Quand, je lis que des baleines se sont échoués, ça me fais mal. L'environnement et les animaux, ça me tiens trop à coeur. Alors, bon, San combat au côté des animaux et de la nature pour les sauver...  Plus grande, j'ai fondu en larmes un jour en expliquant que je voulais pas contribuer à tout ça. Naître pour participer à la pollution? Pour produire des déchets ? Pour qu'on tue l'environnement pour mes petites technologies? J'ai parlé de Christopher McCandless pour illustrer mes propos ce jour là aussi. Je me sentais seule avec cette vision. Au collège, si j'avais réussi à avoir une bonne note, c'est parce que quand on m'a demandé mon avis sur Sa Majesté des Mouches j'ai répondu en deux parties. Pour le oui, je me suis reposée sur une phrase de la dernière page en autre, sur la noirceur de l'Homme. J'étais dans mon domaine, c'était cool. Juste après le contrôle, la prof nous a expliqué que l'auteur avais une vision très pessimiste sur les humains et tout le tralala. Au collège je regardais toujours Vu Du Ciel jusqu'à 23 heures avec mon père quand ça passait. ça m'avait bien étonné quand en cours on était deux à connaître Yann Arthus Bertrand.
Mais bon, un jour j'étais allongée sur mon lit dans ma chambre, je laissais mes pensées aller. J'adorais faire ça. Je peux rester des heures à fixer mes murs et à réfléchir. A l'époque, j'étais du genre à mettre des posters de groupe sur tous les murs. Donc ce jour là, paff :  je me suis arrêtée sur un poster pour me rendre compte de ma propre incohérence : je dis haïr les hommes mais j'en adule certains? En ce qui concerne la cohérence, je vous invite à vous questionner là dessus, je suis sûr vous êtes incohérents sur pleins de trucs et vous vous en rendez même pas compte, comme moi parfois. Et ouais, ces humains là, ils m'aidaient en fait. J'avais des problèmes pour socialiser, je me disais toujours qu'on était mieux seul, ou avec les animaux, eux ils nous acceptent comme on est au moins, pour ce qu'on est vraiment. Les stars m'ont aidé par rapport à ça avant. Du coup, grande réalisation : les humains ont besoin les uns des autres. On est interdépendants. Je pouvais plus le nier. Et la solidarité, c'est pas ce qu'il y a de plus beau? Et j'ai fini par comprendre, enfin, que l'Homme, n'étais pas qu'un ennemi pour l'environnement et les animaux : mais aussi pour l'Homme en tant que tel. Je crois que c'est encore pire. Ouais, en Afrique, ils crèvent la faim. Et j'avais omis tout ça.
Et maintenant, une nouvelle chose : avant de pouvoir aider il faut commencer par soi. S'omettre, se détruire, ça détruis aussi les autres. S'il vous plait, battez vous pour votre humanité, j'vous en conjure.
Et pour en revenir au film, j'ai enfin vu que justement il n'a jamais été question du combat humain vs nature. Non! Même les singes un moment, émettent des paroles de haine! Mononoké les corrige. Les sangliers foncent sans réfléchir. Et Dame Eboshi, moi qui l'a détestait vu qu'elle voulait tuer la forêt, je n'avais pas su voir qu'elle avait aussi des bons côtés : elle s'occupe des exclus de la société : les lépreux. Elle prend le temps de les soigner, de les protéger comme elle protège les femmes du fort. Elle  même dira " Les hommes sont beaucoup plus dangereux que les dieux de la forêt.".A la fin du film, elle comprend son erreur. Et puis Mononoké, n'a pas réussi à pardonner, mais on l'excusera. Ashitaka, lui laisse du temps et  l'a laisse libre de choisir son monde. Ce film rappelle qu'on est tous porteur des deux : il n'y a pas d'anges il n'y a pas de démon. On est tous porteur des deux donc on est tous porteur de lumière : à vous de choisir.


"Moro : Les sangliers sont en marche, la forêt dévastée pleure à leur passage mais tu ne peux pas entendre le sanglot des arbres. Moi, je demeure ici à écouter leur lente agonie, ces cris réveillent en moi la blessure de la balle et je rêve du jour où je pourrais enfin broyer de mes crocs la tête de la femme qui me tue."

                             " Egoiste. Tu raisonnes comme un humain." 




Petite anecdote: Pour vous écrire l'article sur Georgio, j'écoutais sa réédition. Pour celui ci, j'écoutais les musique du Château ambulant (un autre Ghibli). Et je me suis malencontreusement retrouvée à agiter mes mains dans le vent comme si j'avais un instrument...Ah quand on pars trop loin...! Cela m'a rappelé que petite, j'avais assisté à un concert de musique classique avec mes parents. Jusqu'ici tout est normal. Mais, j'étais tellement prise dedans, que j'ai fixé les musiciens, et j'ai placé mes mains comme si je tenais un violon contre mon épaule, et je copiais leurs gestes dans le vide...J'avais bien amusé les rangées, à la fin des gens sont venus dire quelque trucs à mes parents ahah! C'est beau l'enfance.




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